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PANNE D'ASCENSEUR (Le Livre)

PANNE D'ASCENSEUR - Roman de JONATHAN JOYEUX

PANNE D'ASCENSEUR - Roman de JONATHAN JOYEUX

Roman de 212 pages

Format A5

 

Jérémie Rey habite un immeuble jusque là tranquille. Lorsque surviennent des pannes d'ascenseur qui bouleversent tous les locataires au plus profond de leur comportement. Suicide ? Meurtre ? Le coupable est-il un voisin ? La sérénité disparaît pour laisser place aux soupçons et aux accusations les plus délirantes. Au milieu de cette pagaille, Jérémie recherche l'amour, le vrai, celui qui dure. Une rencontre qui perturbera ses projets d'avenir.

Loin d'être un roman policier, c'est surtout une tranche de vie mouvementée.

 

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EXTRAIT DU LIVRE

 

 

Je m’appelle Jérémie Rey. J’ai 24 ans. On me décrit comme un gars plutôt changeant. Un jour, j’ai la tête sur les épaules, alors que le lendemain, je me comporte comme un ado. J’habite un petit appartement dans un immeuble très modeste, à Clermont-Ferrand, en Auvergne. Voilà quatre ans que j’ai quitté mes chers parents pour m’installer dans « mon » chez moi. Enfin la liberté, sans aucune obligation de rendre des comptes, sauf à mon propriétaire qui ne manque pas de me réclamer le loyer et qui, à mon avis, abuse vu l’endroit où je vis.

 

Pas de double vitrage, donc un froid de canard dû à ce courant d’air qui prend un vilain plaisir à souffler sur ma nuque pour raidir tout mon corps. Des murs épais comme du papier à cigarette, juste pour ne pas rater le plus infime bruit de l’immeuble y compris les ronflements de mon voisin. Un plancher servant de caisse de résonnance permettant de suivre le moindre déplacement de toute la famille du dessus, surtout quand cette chère madame Salem met ses talons extrêmement pointus.

 

Mais, je suis tout de même fier de l’aménagement de mes quarante mètres carrés. En effet, bien agencé, il fait tout de suite plus grand. Bon d’accord, je dois avouer que ce n’est pas la quantité de meubles qui encombrent le passage, mais au moins, il y a de la place et j’ai l’essentiel : mon lit et ma télé. Pourquoi avoir plus puisque je vis seul… Et oui, je n’ai pas encore trouvé le grand amour.

 

Des conquêtes j’en ai eues, mais cela n’a duré que quelques mois voire tout au plus un an. Pas assez de temps pour s’installer à deux. Pourtant, j’imagine le jour où la femme de mes rêves se trouvera devant ma porte, ses valises à ses pieds, un grand sourire aux lèvres, fière de pouvoir poser ses petites tenues dans la commode ou pendre ses ensembles dans l’armoire. A l’unisson, nous réorganiserons l’appartement à notre goût et nous parlerons de notre avenir dans le nouveau salon laissant divaguer nos pensées les plus folles. Finies les amourettes d’un jour. C’est parti pour une longue vie en commun jusqu’à la mort comme les vieux sur le palier d’en face.

 

Parlons-en de ceux là… Les retraités Delorme, de leurs doux prénoms Raymond et Simone, toujours en train d’espionner les moindres faits et gestes de chaque habitant de l’immeuble avec comme bouc émissaire : moi. A croire qu’ils tiennent un carnet de bord où sont notés tous les détails à la seconde près de mes allées et venues. Je suis sûr, que de peur d’oublier de mentionner un élément, ils se sont répartis les tâches. En tout cas, la Simone sait bien me le faire remarquer les soirs où je rentre plus tard que d’habitude, espérant ainsi avoir quelques détails croustillants à écrire sur son cahier. Si je lève les yeux, lorsque je suis au pied de l’immeuble, je peux les voir à leur fenêtre faisant semblant de regarder ailleurs, et je les entends courir derrière leur porte au moment où l’ascenseur me libère à mon étage. Cette scène se produit chaque fois que je pars ou rentre du travail, mais je dois avouer que je les aime bien avec leur air attendrissant.

 

Cela fait maintenant trois ans que je suis chef charcutier dans un petit supermarché, le roi du pâté en tout genre ! Je parcours une dizaine de kilomètres pour me rendre à mon emploi qui consiste à servir toutes sortes de clients du plus aimable au particulièrement désagréable. J’ai acquis une certaine notoriété et fidélisé de nombreux consommateurs. Je suis fier de mes préparations exécutées avec beaucoup de professionnalisme et qui ont fait ma réputation. « Vous invitez du monde et vous ne voulez pas rater votre repas, alors venez au rayon charcuterie et demandez Jérémie Rey. Je vous suggérerai de nombreux plats, de l’entrée froide au plat cuisiné, présentés dans des plateaux avec amour, vous m’en direz des nouvelles ! » Certes, ma notoriété ne dépasse pas les deux ou trois quartiers environnants, mais parfois il faut savoir se satisfaire de peu… et il faut bien gagner sa croûte. Mon salaire n’est pas bien gros, mais en plus du dimanche, je suis en repos le mercredi... Cela tombe bien car mon meilleur ami est prof de math.

 

Guillaume donne des cours au lycée d’à côté. Souvent, pour ne pas dire tous les jours, nous nous retrouvons au bar du coin de la rue pour bavarder un peu. Nous discutons de notre journée, refaisons le monde et rapidement nous abordons notre sujet de conversation favori : les filles. C’est fou comme un verre ou deux peut nous pousser à raconter comme bêtise sur ce sujet. Comme moi, Guillaume est seul, a 26 ans et vit dans un petit studio près de l’école. Régulièrement, nous sortons avec les copains. Cela fait deux ans que nous avons le même rituel : les vacances d’été en Bungalow vers Arcachon et les vacances d’hiver à la montagne dans un chalet d’une petite station des Alpes. Cette année, nous avons laissé tomber le ski pour le snowboard. Cela me fait rire car Guillaume n’arrête pas de tomber. Je le laisse dans le vent à chaque descente, alors, mauvais, il court au magasin de location pour aller changer son snow, car d’après lui, cela provient du matériel. Enfin bref, entre lui et moi, ce n’est que rigolade. Je l’ai connu grâce à ma sœur.

 

Séverine est l’aînée de la famille et a un caractère bien trempé. Guillaume et ma sœur sont sortis ensemble deux mois. Comme d’habitude tout s’est terminé par cris et fracas, néanmoins, cela a suffit pour que je connaisse son ex. Depuis on ne se quitte plus.

 

Vu de l’extérieur, mon immeuble n’est pas très attrayant. Au début, le crépi devait être de couleur jaune canari, mais maintenant, il est plutôt gris à cause de la pollution. Un « artiste » s’est senti obligé de taguer le mur gauche du bâtiment par un sigle incompréhensible. Plusieurs fois, il a été effacé par les gens de la ville, mais comme par magie, il réapparaît. Auparavant, du linge pendait aux fenêtres, mais depuis une directive de la copropriété, il a disparu, remplacé en certains endroits par des paraboles. Tout autour, quelques arbres et une haie apportent une touche de verdure où quelques oiseaux font entendre leur chant. Après avoir franchi ce paradis de végétation, nous arrivons enfin à l’entrée de l’immeuble.

 

Vu de l’intérieur, c’est tout autre chose. C’est vieillot, mais d’une propreté irréprochable. Arrivé au niveau des boites à lettres, vous ne pouvez pas rater Mme Dolorès la gardienne. En fonction de son visage, vous savez si elle est de bonne ou de mauvaise humeur. Dès que vous avez franchi le seuil de l’immeuble, elle vous scanne. Vous êtes entièrement examiné pour déceler la moindre parcelle de crasse. Si vous passez l’examen avec succès, alors vous aurez droit à un accueil des plus chaleureux et à un bonjour mélodieux. Par contre, si vous voyez son visage se noircir, vous avez intérêt à foncer tout droit sans passer par la case départ, car vous allez recevoir un flot de remarques avec interdiction de répondre sinon… c’est encore pire. Je vous parle par expérience, car au tout début de mon arrivée, elle m’en a mis plein la tête. Il faut s’essuyer les pieds, bien mettre tous les papiers dans la poubelle, y compris les prospectus que l’on a tendance à laisser au-dessus des boites à lettres. Il faut encore moins cracher, jeter parterre son chewing-gum ou son mégot de cigarette… J’ai plains cet agent du recensement, arrivé par temps de pluie dans le hall, l’imperméable dégoulinant, posant son parapluie mouillé sur les vitres fraîchement nettoyées, et qui, au moment de sortir sa carte professionnelle, a laissé s’échapper de sa poche, plein de petits papiers préalablement déchirés. Comme à son habitude, Mme Dolorès a su se faire entendre, utilisant la cage d’escalier pour que sa voix fasse écho. Un avertissement pour tous les habitants qui voudraient enfreindre les règles fixées par elle-même. Mais un jour, j’ai eu ma revanche.

 

Mme Dolorès a une vie planifiée et très organisée. Tous les mardis, elle laisse son mari Mario au pied de l’immeuble pour aller faire les courses dans le supermarché où je travaille. Vers dix heures, je la vois arriver avec son caddie. Toute la nuit, je me suis préparé à la recevoir, rabâchant la phrase fatidique que j’allais lui sortir pour éviter toute hésitation ou bégaiement. Elle s’approche de mon rayon pour acheter comme chaque semaine ses deux tranches de jambon blanc, du pâté croûte et une part de mousse de foie. Au moment où elle montre les produits, avec son doigt effleurant la vitrine du stand, je m’empresse de lui dire :

- « Evitez de toucher la vitre, ma collègue vient de la nettoyer ».

En un éclair, son œil me lance un regard tueur aussitôt ressaisit par un :

- « Mais bien sûr, j’en sais quelque chose… »

Fier de moi, la tête haute, je lui montre qu’ici, c’est mon territoire. D’un pas rapide, elle termine ses courses et repart retrouver son mari pour l’interroger sur les derniers potins.

 

Mario, c’est tout le contraire. On ne l’entend presque jamais, mais il est d’une efficacité incroyable. Un grincement de porte, une vis mal mise, un radiateur qui fuit… tout est réparé immédiatement. Avec sa femme, il s’arrange toujours pour que l’immeuble ne reste jamais sans surveillance. Personne ne rentre ni ne sort sans passer devant le service d’accueil. Toujours présents, ils se rendent souvent très utiles. Ils vous tiennent la porte lorsque vous êtes chargés, s’occupent de votre appartement pendant les vacances… Ils se montrent particulièrement serviables avec Arthur Bony.

 

Tout comme nos chers gardiens, Arthur habite au rez-de-chaussée. Suite à un accident, il se déplace en fauteuil roulant. Régulièrement, il me fait une liste de courses que je lui ramène le soir. A plusieurs reprises, pour me remercier, il m’invite à boire le café et généralement la discussion s’oriente sur la catastrophe qui a bouleversée sa vie. La voix tremblante et pleine de remords, il commence toujours par un « si j’avais su… ». A vingt ans, il était très amoureux et surtout allait devenir papa. Sept mois plus tard, il se mariait pour régulariser sa situation. Mais à cet âge, on veut profiter de sa jeunesse. On pense plus à sortir avec ses copains qu’à s’occuper de sa famille. Et vous, qu’auriez-vous fait ? Changer des couches ou aller boire quelques verres avec vos potes. Son premier regret est d’avoir laissé tomber les siens pour quelques virées. Il est plus pratique d’ignorer ses responsabilités. N’est-il pas malheureux que ce soit un drame qui vous fasse ouvrir les yeux ? Et ce soir là, Arthur ayant trop bu, fut incapable de tenir le volant, pourtant, il conduisit pour ramener un de ses copains.

 

La suite est facile à deviner mais difficile à raconter. C’est avec de nombreux silences, se retirant dans ses pensées, se remémorant certaines scènes, les yeux humides, qu’Arthur poursuit son récit. Le drame. L’accident. Une sortie de route, des tonneaux, puis un copain qui meurt dans des cris effroyables. Un médecin vous annonce que vous allez perdre l’usage de vos jambes. En un rien de temps, votre existence bascule : de la joie de vivre à la volonté de mourir. Vous ne pensez plus qu’à cet épisode. Chaque fois que vos yeux se ferment, toujours le même film, en boucle. Que faire d’autre sur votre lit d’hôpital que de ressasser ce dramatique incident. Puis, vous rentrez chez vous en chaise roulante, espérant tout oublier avec le réconfort de votre femme, de votre bébé. On ne reste pas impuni quand on n’assume pas ses devoirs familiaux. On paye le revers de la médaille. On se retrouve seul parce que l’être aimé ne se sent pas le courage d’endosser la charge de travail d’un handicapé. Depuis son divorce, il n’a plus revu sa fille. Cela fait plus de vingt cinq ans. Que dire ? Comment le réconforter ? Moi, je ne sais pas alors je me tais, j’écoute. Je me dis que raconter son histoire doit le soulager. De temps en temps, j’essaie de trouver des mots apaisants, mais rien ne sort. Une fois le récit terminé et le long silence qui suit, je le quitte en lui lançant un « courage » un peu gêné. Je prends l’ascenseur en direction de mon appartement avec un pincement au cœur.

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